Chapitre 1
Le commencement
Je me rappelais que je n’avais jamais pensé mourir un jour. Pas à l’âge de mes 18 ans. C’était une chose que l’on ose y penser. On préfère sortir, s’amuser, boire, trouver la femme de nos rêves ou travailler. Je ne savais pas que la mort était à ma porte à cette époque. Je ne l’avais pas imaginé aussi douloureuse. Pourquoi moi, Liam Blake, autrefois Liam Malcolm, était destiné à errer sur terre ainsi désormais? C’était le soir de mes 18 ans que j’avais ouvert les yeux d’une façon différente. C’était en dehors de toute logique humaine. Je n’arrivais pas à me relevé sur mes deux pieds. Malgré l’écorchure qui ruisselait à mon cou, le monde était là, il m’attendait. Il m’attendait à bras ouverts comme jamais j’avais été accueilli auparavant. Le ciel était tapissé d’une pluie d’étoile. La nuit était devenue translucide. Sous mes yeux vert émeraude, je pouvais sentir que le monde m’appartenait. Quelques minutes après, j’avais senti des milliers de lame transpercer la chair de mon corps. La mutation prenait son cours. C’était insupportable, je souffrais le martyr, mon corps se mourrait pour en faire jaillir un tout nouveau. Je ne comprenais pas ce qu’il ce passait. Si un médecin était passé dans le coin, il aurait certainement mentionné que j’étais victime d’une crise cardiaque ou d’une crise épileptique. J’étais épris de sévères convulsions à n’en plus finir. J’avais fini par sombrer dans un esprit comateux.
Le plus curieux c’est que j’ignorais de qui provenait ce cadeau empoisonné. Certains diront que je suis devenu un Dieu ce soir là, mais moi je n’ai pas ce point de vue. Je suis un assassin, un prédateur cruel, un monstre sans scrupule. Je ne me souviens plus de cette première nuit. Comment avait-elle débuté et comment s’était-elle éteinte ? Je le saurai sans doute jamais. De toute évidence je m’étais présenté sur le chemin d’un de ces monstres. Il m’avait laissé la vie sauve. Même après 55 ans, je n’avais pas plus de réponse. On m’avait découvert, seul, au milieu d’une ruelle mal éclairé. Ce fut l’ange Daria qui me trouva rampant sur le sol. C’est elle qui m’a guidé après ce tragique accident. Daria comprenait mon état mourant et les changements que mon corps subissait seconde après seconde. Sans hésitée, elle m’avait pris sous son aile et m’avait ramené chez elle. William, son époux qui est devenu mon père, avait été frustré de mon arrivé si soudain dans leur famille.
Partie 2
Je suis morte ce jour-là. C’était comme si j’avais reçu une lame en plein cœur. Tout mon univers était disparu en l’espace de cinq secondes seulement. Je n’existais plus. Je n’avais jamais imaginé que la mort était aussi difficile à porter. C’était là un bien triste supplice que m’offrait Dieu. J’étais condamnée à rester un automate pour le restant de mes jours. Lorsque l’on est meurt, on se sent vide de l’intérieur. On se sent rongée par quelque chose qui envahit tout ton corps. Le vide prend tellement de place que nous devenons insensibles à tout ce qui nous entoure. Il n’y a plus de saveur, plus de couleur, plus de sensations, tout devient fade, gris et tout nous est indifférent. Je pourrais franchir la rue et me faire happée par une voiture demain matin, cela ne me dérangerait pas. Je pourrais rester la tête immergée dans l’eau de ma baignoire, cela n’aurait plus d’importance désormais. Je pourrais décidée de ne plus rien avalée, cela ne changerait rien puisque je ne ressens plus faim. Le vide prend emprise sur ta vie, il se nourrit de se que tu étais autrefois. Le vide fait mal, tellement mal que tu ne désires plus être. Ton désir est de simplement vouloir lâcher prise. Il n’y a plus de sens, plus de saisons, plus de raisonnement, tu abandonnes tout simplement. J’étais profondément blessée et je voulais que tout s’arrête.
Ma vie s’était arrêtée au moment où j’avais appris le décès de Philippe. Il me manquait et je ne pouvais tolérer qu’il soit parti sans rien me dire. C’était devenu insupportable. Mon âme n’existait plus et avait déserté ce corps depuis ce jour si horrible. Je me repassais encore et encore les images de ses dernières heures. Dans ses images, j’arrivais à le sauver. J’arrivais à modifier le fil des événements de la journée. Je l’invitais simplement à rester à dormir près de moi dix minutes supplémentaires. Ces dix minutes auraient fait toute la différence. Je ne serais pas morte aujourd’hui et lui non plus. J’avais beau me fermer les yeux et de les rouvrir à nouveau sans cesse, rien ne changeait. Je ne voulais plus exister, l’homme de ma vie n’y était plus. À quoi bon continuer de vivre si tout ce qui comptait pour toi n’y était même plus ? Je suis confrontée à répondre à tout le monde que je vais bien. Cela me permet d’être tranquille. J’ai voulu qu’on me tue à tous les jours. Pendant 68 jours, j’ai souhaité mourir sans que cela n’arrive. J’ai tenté par maintes façons de me briser la vie, rompre le lien qui me reliait à mon corps. La douleur est si vive à supporter que tu n’as rien à perdre. 68 jours, c’est long lorsque tu n’existes qu’en surface.
Je m’étais levée bien malgré moi ce matin là. Je m’étais regardée dans le miroir dans l’idée que ce serait la dernière cette fois. J’avais cet espoir que ce jour serait mon dernier. Il est beaucoup facile de vivre dans ce monde que d’en mourir. J’avais choisi la voie la plus facile. Pourquoi aujourd’hui ? Je n’en savais rien. Tout le monde croyait que j’avais réussis à surmonter l’obstacle, que j’avais facilement tourné la page. Ce n’était pas le cas. Je me contentais de sourire à chaque idiot que je rencontrais et qui me demandait si j’allais bien. J’avais choisis de faire semblant, car c’était le mieux pour protéger les miens. En fait, ils n’ont pas vraiment envie de t’entendre pleurnicher sur ton sort, tout ce qu’ils souhaitent c’est t’entendre dire que tu vas bien. Je me suis conformée à leurs attentes. Mon thérapeute croit que je progresse jour après jour, mais je n’ai pas ce sentiment. En fait, je ne fais que m’enfoncer et me gaver de médicaments insipides.